Ostéosynthèse des fractures de cheville
Ostéosynthèse des fractures de cheville
Définition
Comme toute fracture, cela correspond à une rupture de la continuité d’un os. La malléole interne sur le tibia et la malléole externe sur la fibula sont à la jonction entre la jambe et le pied et stabilisent la cheville. Cette jonction fragile est souvent le siège de fractures. On parle de fracture de malléole externe lorsque seule la fibula (péroné) est cassée ou de fracture bimalléolaire lorsque le tibia et la fibula sont cassés.
L’évolution naturelle de ces fractures est défavorable en l’absence de chirurgie. Sans chirurgie la cheville reste douloureuse, déformée, et perd sa mobilité. La reprise de la marche est compromise.
Le déplacement et l’instabilité nécessitent de repositionner anatomiquement les fragments osseux et de les fixer avec du matériel métallique pour qu’ils consolident en bonne position. On appelle cela l’ostéosynthèse.
Opération
Il s’agit d’une intervention fréquente, elle dure environ 30 minutes si seulement un os est cassé, plutôt 1h si les deux os sont cassés. Elle a lieu sous anesthésie générale ou rachianesthésie (seules les jambes sont anesthésiées). Vous déciderez du type d’anesthésie en concertation avec l’anesthésiste lors de la consultation.
Une incision d’environ 15 cm est nécessaire sur le bord latéral de la cheville, parfois une seconde incision sur le bord interne de 5cm est pratiquée si le tibia est également cassé. Cela permet d’accéder à la fracture pour repositionner les fragments osseux en bonne position. On implante ensuite du matériel métallique (plaque et vis) pour stabiliser l’os le temps qu’il consolide.
Cette intervention est souvent réalisée en ambulatoire. Vous rentrez chez vous le soir même de l’opération.
Quand opérer ?
Le plus rapidement possible après la fracture. Au-delà de 15 jours la fracture commence à consolider en mauvaise position et la chirurgie devient plus complexe car il est nécessaire de recasser l’os pour le remettre en bonne position.
Soins et rééducation postopératoire
Le traitement de la douleur est mis en place et surveillé de manière rapprochée pour obtenir le maximum de confort et une rééducation rapide. Un traitement anti-coagulant est nécessaire pour fluidifier le sang et limiter le risque de phlébite le temps de l’immobilisation.
La cheville est immobilisée dans un plâtre pour une durée de 6 semaines. La marche est possible avec deux cannes béquilles pour soulager la cheville du poids du corps le temps qu’elle consolide.
Le plâtre est retiré à 6 semaines. Une rééducation chez le kiné est alors nécessaire pour récupérer la masse musculaire et la souplesse de votre cheville.
La reprise du travail est possible à partir de 3 semaines, mais cela dépend de votre profession, un travail de bureau peut être repris plus rapidement. La conduite est envisageable à partir de 8 semaines. La reprise du sport intervient à 3 mois. Ces durées sont des moyennes, elles dépendent de chacun, et sont données à titre indicatif.
Ultérieurement, un suivi régulier, clinique et radiographique est indispensable pour surveiller votre cheville et dépister toute anomalie.
Risques et complications
Tout est mis en place pour que l'évolution soit favorable. Cependant il existe un risque de complications chirurgicales, rares mais possibles :
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phlébite et embolie pulmonaire : complication rare, prévenue par la prescription d’anticoagulants pour fluidifier le sang le temps de l’immobilisation ;
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aggravation d’une maladie existante : insuffisance cardiaque, diabète… Une surveillance médicale par l’équipe d’anesthésie est mise en place après l’opération pour prévenir ce type de complications ;
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infection (risque inférieur à 1%). Dans ce cas une nouvelle opération s’avère nécessaire pour laver le site opératoire, suivie d’un traitement antibiotique ;
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une perte de mobilité et une raideur du de la cheville peuvent s’installer si la rééducation postopératoire n’est pas correctement effectuée ;
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hématome, il est possible que la zone opérée saigne après l’intervention et forme un hématome. En fonction de l’importance du saignement, une évacuation de l’hématome ou une transfusion peuvent être nécessaires ;
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des petites branches nerveuse sensitives qui innervent la cheville peuvent être accidentellement blessées. Cette complication rare peut occasionner une diminution de la sensibilité sur certaines zones de la cheville;
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la non-consolidation de la fracture (pseudarthrose). Dans certains cas la fracture ne consolide pas, la durée d’immobilisation peut alors être prolongée et une nouvelle chirurgie est nécessaire pour stimuler la consolidation osseuse.
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Peut apparaitre une algodystrophie ; il s’agit d’un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris, elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entraînant une prise en charge particulière avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois une gestion spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.
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L’arthrose est une séquelle à plus ou moins long terme de toute fracture articulaire.
Il s’agit là des principaux risques mais la liste n’est pas exhaustive. D’autres complications exceptionnelles peuvent avoir lieu. Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce que vous avez compris et accepté. Votre chirurgien se tient à votre disposition pour discuter chaque cas particulier.
Résultats
L’évolution naturelle de ces fractures est défavorable en l’absence de chirurgie. Sans chirurgie la cheville reste douloureuse, déformée, et perd sa mobilité. La reprise de la marche est compromise.
Le déplacement et l’instabilité nécessitent de repositionner anatomiquement les fragments osseux et de les fixer avec du matériel métallique pour qu’ils consolident en bonne position. La récupération complète intervient à 3 mois postopératoire. Dans la majorité des cas on obtient une cheville souple et indolore permettant de reprendre toutes les activités habituelles y compris sportives.