Ligamentoplastie de cheville
Ligamentoplastie de cheville
Définition
Une entorse de cheville est la déchirure partielle ou totale d'un ou plusieurs ligaments de cette articulation à la suite d'un traumatisme. Il s’agit de l’entorse la plus fréquente avec environ 6000 consultations par jour. L’entorse du plan externe concerne 90% des entorses de cheville.
Une entorse peut être de gravité variable :
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bénigne, en cas de simple étirement d'un ligament ;
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moyennement grave, en cas de déchirure partielle du ligament ;
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grave lorsqu'un ligament est totalement rompu.
Dans ces trois situations, la phase aiguë douloureuse se résorbe en quelques semaines, on y associe l’immobilisation par attelle, des antalgiques, des anti-inflammatoires, du repos et un glaçage régulier. La cheville dégonfle et la reprise des activités est progressive. Cependant en cas d’entorse grave, des sensations de douleur et d’instabilité de cheville (récidive des entorses) peuvent persister. On envisage alors une ligamentoplastie de cheville qui consiste à reconstruire les ligaments déchirés de la cheville à l’aide d’un tendon prélevé au niveau du genou (le droit interne).
Opération
Différentes opérations sont décrites pour stabiliser la cheville :
-La réparation du ligament par retente capsulo-ligamentaire (mais cette reconstruction est fragile)
-La ligamentoplastie de substitution (type Castaing) ou l’ou déroute le tendon fibulaire (technique fiable mais sources de douleurs secondaires).
-La reconstruction anatomique par autogreffe au droit interne.
C’est cette dernière qui donne aujourd’hui les meilleurs résultats en termes de stabilité et de disparition des douleurs. Cette chirurgie consiste à remplacer les ligaments rompus par de nouveaux ligaments. Pour cela on prélève un tendon des muscles ischio-jambiers (le droit interne). Ce tendon est ensuite placé à la face externe de la cheville dans la position anatomique des anciens ligaments. Il est fixé dans l’os via un endo-bouton et deux vis d’interférence.
Les conséquences fonctionnelles du prélèvement d’un tendon ischio jambier sont quasi-nulles puisque le tendon cicatrise en quelques semaines pour refonctionner normalement.
On réalise cette chirurgie sous arthroscopie. Il s’agit d’une procédure mini-invasive vidéo-assistée qui permet de ne pas ouvrir la cheville. Quatre incisions de 5mm sont effectuées sur la cheville pour introduire une petite caméra ainsi que les instruments nécessaires à positionner et fixer le nouveau ligament. Cette technique présente des avantages par rapport à la chirurgie traditionnelle : moins de saignement, moins de douleurs, des cicatrices discrètes et une récupération rapide.
L’intervention dure environ 60 minutes. Elle a lieu sous anesthésie générale ou rachianesthésie (seules les jambes sont anesthésiées). Vous déciderez du type d’anesthésie en concertation avec l’anesthésiste lors de la consultation.
Cette chirurgie a lieu en ambulatoire, vous rentrez chez vous le soir même de l’opération.
Soins et rééducation postopératoire
Après l’opération, le changement du pansement est nécessaire tous les deux jours pendant environ 2 semaines. Le traitement de la douleur est mis en place et surveillé de manière rapprochée pour obtenir le maximum de confort et une rééducation rapide. Un traitement anticoagulant est nécessaire pendant 3 semaines pour fluidifier le sang et prévenir le risque de phlébite.
La cheville est immobilisée dans une botte de marche amovible pour une durée de 6 semaines, avec une décharge partielle de 2 semaines. L’appui complet est autorisé sous couvert de la botte.
La rééducation est une part essentielle de votre traitement pour obtenir un bon résultat. Elle s’effectue avec votre kiné ou en centre de rééducation et débute à 2 semaines postopératoire, pour une durée de plusieurs mois.
Le but des premières séances est de réduire les douleurs et d’entretenir la mobilité de la cheville. Au bout d’environ 1 mois le patient est capable de marcher sans béquilles.
Le renforcement musculaire des muscles de la cheville notamment fibulaires est un élément essentiel. La reprise des sports dans l’axe (natation, vélo, course à pied) est envisageable à trois mois. Le retour aux sports pivot-contact s’effectue à 8 mois. La reprise du travail s’effectue en général entre 1 et 3 mois selon votre profession, un travail de bureau pouvant être repris plus rapidement. Ces durées sont des moyennes, elles dépendent de chacun, et sont données à titre indicatif.
Ultérieurement, un suivi régulier, clinique et radiographique est indispensable pour surveiller votre cheville et dépister toute anomalie.
Quand opérer ?
La phase aiguë douloureuse d’une entorse se résorbe en quelques semaines, on y associe l’immobilisation par attelle, des antalgiques, des anti-inflammatoires, du repos et un glaçage régulier. La cheville dégonfle et la reprise des activités est progressive. Cependant en cas d’entorse grave, des sensations de douleur et d’instabilité de cheville (récidive des entorses) peuvent persister dans la vie de tous les jours. On envisage alors une ligamentoplastie de cheville.
Risques et complications
Tout est mis en place pour que l'évolution soit favorable. Cependant il existe un risque de complications chirurgicales, rares mais possibles :
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phlébite et embolie pulmonaire, complication rare, prévenue par la prescription d’anticoagulants pour fluidifier le sang pendant quelques semaines après l’opération ;
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aggravation d’une maladie existante : insuffisance cardiaque, diabète… Une surveillance médicale par l’équipe d’anesthésie est mise en place après l’opération pour prévenir ce type de complications ;
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infection (risque inférieur à 1%). Dans ce cas une nouvelle opération s’avère nécessaire pour laver le site opératoire, suivie d’un traitement antibiotique ;
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une perte de mobilité et une raideur du de la cheville peuvent s’installer si la rééducation postopératoire n’est pas correctement effectuée ;
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hématome, il est possible que la zone opérée saigne après l’intervention et forme un hématome. En fonction de l’importance du saignement, une évacuation de l’hématome ou une transfusion peuvent être nécessaires ;
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des petites branches nerveuse sensitives qui innervent la cheville peuvent être accidentellement blessées. Cette complication rare peut occasionner une diminution de la sensibilité sur certaines zones de la cheville.
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L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois, une prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.
Il s’agit là des principaux risques mais la liste n’est pas exhaustive. D’autres complications exceptionnelles peuvent avoir lieu. Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce que vous avez compris et accepté. Votre chirurgien se tient à votre disposition pour discuter chaque cas particulier.
Résultats
L’évolution naturelle d’une instabilité de cheville est défavorable avec répétition des entorses et des douleurs lors des activités. A long terme cela induit une usure prématurée de l’ensemble de l’articulation.
Le but de la reconstruction des ligaments de la cheville est double :
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stabiliser la cheville pour supprimer les sensations de douleur et les entorses à répétition ;
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consolider la cheville pour limiter son usure à long-terme. Une cheville instable va se dégrader et sera source d’arthrose.
Avec l’évolution des techniques et la chirurgie mini-invasive sous arthroscopie d’excellents résultats sont obtenus. La reprise de la marche en appui est immédiate, les douleurs s'estompent et la récupération de la mobilité intervient en quelques semaines. La reprise des sports dans l’axe (natation, vélo, course à pied) commence à 3 mois et la reprise des sports pivots à 8 mois.