Ligamentoplastie du ligament croisé antérieur
Ligamentoplastie du ligament croisé antérieur
Définition
Le ligament croisé antérieur est un ligament au centre du genou (dans l’échancrure) reliant le fémur et le tibia. Il stabilise l’articulation en empêchant le tibia de glisser en avant du fémur ainsi que l’excès de rotation de la jambe. Sa rupture est très fréquente (1/3000) et survient en général lors d’un traumatisme au sport, avec torsion du genou.
Le patient ressent une sensation de craquement à l’intérieur du genou et la douleur est immédiate. La reprise de l’activité sportive est impossible et le genou se met à gonfler car le ligament rompu saigne à l’intérieur de l’articulation (hémarthrose).
Durant la première phase aigüe très douloureuse le genou est immobilisé dans une attelle, on y associe des antalgiques, des anti-inflammatoires, du repos et un glaçage régulier. Cette phase douloureuse se résorbe en quelques semaines, le genou dégonfle et la reprise des activités est progressive.
Cependant l’évolution naturelle de cette rupture est défavorable, le ligament déchiré ne peut pas cicatriser de lui-même. Apparaissent alors des sensations de gêne et d’instabilité du genou dans la vie de tous les jours. Certains gestes sont difficiles comme les changements de direction et la reprise d’activité sportive est compromise. Une chirurgie de réparation du ligament croisé est alors envisagée.
Opération
La reconstruction des ligaments croisés (ou ligamentoplastie) est très fréquente avec environ 60 000 interventions par an en France. Cette chirurgie consiste à remplacer le ligament rompu par un nouveau ligament. Pour cela on prélève soit un tendon des muscles ischio-jambiers (technique DT4), soit une partie du tendon rotulien (technique de Kenneth-Jones). Ce tendon prélevé est placé à l’intérieur du genou à la place de l’ancien ligament rompu. Il est fixé dans l’os via deux endo-boutons (technique DT4) ou deux vis d’interférence (technique Kenneth-Jones).
Les conséquences fonctionnelles du prélèvement d’un tendon ischio jambier ou du tendon rotulien sont quasi-nulles puisque le tendon cicatrise en quelques semaines.
On réalise cette chirurgie sous arthroscopie. Il s’agit d’une procédure mini-invasive vidéo-assistée qui permet de ne pas ouvrir le genou. Deux incisions de 5mm sont effectuées devant le genou pour introduire une petite caméra ainsi que les instruments nécessaires à positionner et fixer le nouveau ligament. Cette technique présente des avantages par rapport à la chirurgie traditionnelle : moins de saignement, moins de douleurs, moins de cicatrices et une récupération plus rapide.
Des lésions des ménisques sont fréquemment associées à une rupture du ligament croisé. Elles seront réparées lors de la même intervention.
L’intervention dure environ 60 minutes. Elle a lieu sous anesthésie générale ou rachianesthésie (seules les jambes sont anesthésiées). Vous déciderez du type d’anesthésie en concertation avec l’anesthésiste lors de la consultation.
Cette chirurgie a lieu en ambulatoire, vous rentrez chez vous le soir même de l’opération.
Soins et rééducation postopératoire
Après l’opération, le changement du pansement est nécessaire tous les deux jours pendant environ 2 semaines. Le traitement de la douleur est mis en place et surveillé de manière rapprochée pour obtenir le maximum de confort et une rééducation rapide. Un traitement anticoagulant est nécessaire pendant 2 semaines pour fluidifier le sang et prévenir le risque de phlébite. Ce traitement est sous forme de comprimé et ne nécessite pas de surveillance particulière.
La rééducation est une part essentielle de votre traitement pour obtenir un bon résultat. Elle s’effectue avec votre kiné ou en centre de rééducation et débute dès le lendemain de l’intervention pour une durée de plusieurs mois. Le but des premières séances est de réduire les douleurs, de préserver la mobilité du genou et de sevrer le patient de l’attelle et des béquilles. Au bout d’environ 1 mois le patient est capable de marcher sans béquilles ni attelle.
Le renforcement musculaire du quadriceps et des ischio-jambiers est ensuite un élément essentiel. Un contrôle est effectué à la 6e semaine, où l’on doit obtenir une flexion et extension complète et un genou qui ne présente plus d’œdème. La reprise des sports dans l’axe (natation, vélo, course à pied) est envisageable à trois mois. Le retour aux sports pivot-contact s’effectue à 8 mois. La reprise du travail s’effectue en général entre 1 et 3 mois selon votre profession. Un travail de bureau peut être repris plus rapidement. Ces durées sont des moyennes, elles dépendent de chacun, et sont données à titre indicatif.
Ultérieurement, un suivi régulier, clinique et radiographique est indispensable pour surveiller votre genou et dépister toute anomalie.
Pourquoi opérer ? Quels bénéfices ?
L’évolution naturelle d’une rupture du ligament croisé est défavorable, le ligament déchiré ne peut pas cicatriser de lui-même. S’en suivent des sensations de gêne et d’instabilité du genou ainsi qu’une usure prématurée de l’ensemble de l’articulation.
Le but de la reconstruction du ligament croisé antérieur est double :
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stabiliser le genou pour supprimer les sensations de douleur, d’instabilité et reprendre une activité sportive
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consolider le genou pour limiter son usure à long-terme. Un genou instable sans ligament croisé va se dégrader et sera source de lésions méniscales, cartilagineuses et arthrosiques.
Risques et complications
Tout est mis en place pour que l'évolution soit favorable. Cependant il existe un risque de complications chirurgicales, rares mais possibles :
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phlébite et embolie pulmonaire : complication rare, prévenue par la prescription d’anticoagulants pour fluidifier le sang pendant deux semaines après l’opération ;
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aggravation d’une maladie existante : insuffisance cardiaque, diabète… Une surveillance médicale par l’équipe d’anesthésie est mise en place après l’opération pour prévenir ce type de complications ;
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infection (risque inférieur à 1%). Dans ce cas une nouvelle opération s’avère nécessaire pour laver l’articulation, suivie d’un traitement antibiotique ;
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une perte de mobilité et une raideur du genou peuvent s’installer si la rééducation postopératoire n’est pas correctement effectuée ;
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hématome, il est possible que la zone opérée saigne après l’intervention et forme un hématome. En fonction de l’importance du saignement, une évacuation de l’hématome ou une transfusion peuvent être nécessaires ;
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des petites branches nerveuse sensitives qui innervent le genou peuvent être accidentellement blessées. Cette complication rare peut occasionner une diminution de la sensibilité sur certaines zones du genou.
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L’algodystrophie : phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris, elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles.
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La lésion du nerf sciatique poplité interne ou externe est une complication très rare. Elle peut survenir après un hématome, un traumatisme chirurgical ou après une réaction à l’anesthésie locorégionale. Elle peut récupérer après plusieurs mois dans certains cas.
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L’atteinte des vaisseaux de la jambe est aussi très rare; elle peut nécessiter un geste complémentaire ou une ré-intervention urgente pour rétablir l’irrigation de la jambe.
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Le syndrome des loges est une augmentation de la pression dans la jambe le plus souvent par un hématome qui bloque la microcirculation sanguine et nécessite une décompression urgente.
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Une nouvelle rupture est rare mais possible au cours d’un nouveau choc, ou à la longue par distension. De même, le matériel de fixation du tendon peut se mobiliser et nécessiter une intervention d’ablation. Il est important de respecter les délais donnés par votre chirurgien pour la reprise des activités sportives.
Il s’agit là des principaux risques mais la liste n’est pas exhaustive. D’autres complications exceptionnelles peuvent avoir lieu. Toutes les complications ne peuvent être précisées, ce que vous avez compris et accepté. Votre chirurgien se tient à votre disposition pour discuter chaque cas particulier.
Résultats
La récupération de la force et de la mobilité du genou survient en général entre 3 et 6 mois après l’opération. Les douleurs et les sensations d’instabilité et de blocage disparaissent.
Les résultats de cette chirurgie montrent une amélioration de la fonction dans plus de 90% des cas. Mais parfois le résultat est long à obtenir ou imparfait avec un épanchement chronique, voire quelques douleurs à l’effort. Le genou étant stabilisé cela limite aussi son usure et la survenue d’arthrose à long terme. Cependant le ligament remplacé n’est pas meilleur que le ligament d’origine et une nouvelle rupture peut toujours survenir, il faut donc rester vigilant.